LLKIRCH-GRAFFENSTADEN - Portrait du 9 janvier 2016
Cœur de terre
Les fèves « gargouilles » inédites de la pâtisserie Christian (DNA du 3 janvier), c’est elle ! Installée à Illkirch-Graffenstaden, la céramiste Sandra Kast aime les cœurs, la nature, la nouveauté, et
surtout… la terre.
Edition de Strasbourg Secteur de Strasbourg Sud Illkirch-Graffenstaden
Prenez garde à ce que vous offrez à vos enfants pour Noël, cela pourrait déclencher une inextinguible passion! Pour Sandra Kast, tout a commencé par une boîte de Mako moulages. Elle avait cinq ou six
ans, a « tout de suite accroché »… Et plus jamais décroché. « J’ai toujours été subjuguée par la poterie, même si je ne sais pas expliquer pourquoi. » Au point que cette Illkirchoise, sans plus
sortir les mains de la terre, a d’abord passé un bac A3, puis une licence d’histoire de l’art. Avant de suivre des cours (du soir) aux Arts déco, de se former à la céramique avec Francine Germain, de
donner elle-même des cours (depuis 2001) et de collectionner aujourd’hui les poteries au fil de ses voyages. « J’aime voir ce qui se fait ailleurs, découvrir de nouvelles techniques… Je suis
incapable de copier, car je crée avec mes tripes, mais je me laisse volontiers inspirer », explique Sandra Kast.
Les cœurs rouges comme un fil rouge
Son dada, le fil rouge qui la suit depuis ses débuts créatifs, ce sont les cœurs. Rouges, de préférence ; simples ou imprimés, pleins ou ajourés. Loin, très loin des
gargouilles qu’elle a réalisées cette année pour la pâtisserie Christian à Strasbourg. Une (grosse) commande qui fait suite à d’autres collaborations – des cœurs pour la Saint-Valentin 2015, des
canards pour le foie gras… – et l’a d’abord laissée un rien perplexe. « À la base, ce n’était pas forcément mon truc, mais au final, j’ai adoré relever ce challenge ! »
Pour s’inspirer, plutôt que d’attraper un torticolis à force de les observer place de la Cathédrale – « d’autant que les gargouilles ont la fâcheuse tendance d’être
bien cachées et/ou haut perchées » –, elle a commencé par potasser les livres d’histoire de son père – Jean-Claude Fritsch, l’auteur de la somme tout juste parue, consacrée à l’histoire illkirchoise
de la SACM.
Elle a aussi fait des recherches sur Internet pour trouver des reproductions de meilleure qualité… Avant de créer les moules et de faire valider ses dix fèves, non sans avoir ferraillé pour
convaincre qu’il était judicieux de les émailler et de les colorer, le grès brut n’étant guère agréable sous la dent. « Au final, chaque fève sera repassée entre 13 et 15 fois dans mes mains ! »,
précise-t-elle.
Mais même si le public les découvre ces jours-ci, ces fèves sont déjà de l’histoire ancienne pour Sandra Kast. « J’ai commencé à travailler dessus en janvier 2015, et
elles ont été livrées fin septembre », explique celle qui est déjà passée à autre chose. Les décors de sapin n’étant plus de saison – Sandra Kast en a vendu en décembre sur les marchés de Noël
d’Illkirch, Plobsheim, Matzenheim ou Romanswiller – et la Saint-Valentin approchant, elle est passée aux cœurs.
«Avec la terre,on peut tout faire»
La céramiste collabore aussi de longue date avec le restaurant Oberjaegerhof à Strasbourg, dont elle a décoré la façade à Noël l’an dernier – et qui a, depuis, conservé
un tableau à demeure et propose ses créations dans sa boutique. Dans son atelier de la route de Lyon où elle s’est installée en 2007, elle travaille actuellement à un totem pour une agence
immobilière. Elle peint et pose aussi céramiques et petites fleurs sur des toiles de lin, termine des nichoirs, s’essaie à la sculpture, prépare la saison des baptêmes et des mariages, et un mur
d’oiseaux pour un particulier. Sandra Kast y enseigne aussi les bases de la céramique à une dizaine de passionnés venus d’Ill-kirch, Geispolsheim, Breusch-wickersheim…
« Je m’adapte aux demandes. Ce que j’aime, c’est toucher la terre et fabriquer des choses de mes mains, quel que soit le style », résume-t-elle, citant l’exemple d’une
personne qui lui avait commandé des plaques pour une maison, à changer au fil des saisons. « Ce qui est bien avec la céramique, c’est qu’il n’y a pas de limites ! »
www.sandrakast.f
Article de Valérie Walch, photo DNA Laurent Réa